La fin du Moyen Âge est une période prospère pour la ville de Grenoble. Cela est en partie dû à la création en 1453 par le Dauphin de France du Parlement de Dauphiné, le troisième fondé en France après ceux de Paris et Toulouse. Véritable manne, le Parlement attire à Grenoble une bourgeoisie puissante.
L'hôtel du 10-12 de la rue Chenoise, appelé aussi hôtel Amat, est bâti vers 1500-1510 sur l'emplacement de deux parcelles médiévales longues et étroites. Le logis sur cour est construit plus tardivement (XVIIe siècle), comme en atteste sa modénature plus sobre. On accède à la cour par un unique passage situé au numéro 10. Le voûtement sur croisées d'ogives, dont les nervures reposent sur des culots sculptés représentant d'étonnants personnages, est un joli témoignage du style gothique à Grenoble. D'autres éléments médiévaux remarquables caractérisent cette cour, notamment les encadrements nervurés des croisillons du logis du XVIe siècle et la tourelle d'escalier polygonale, largement éclairée par des baies géminées finement sculptées. L'escalier est raccordé au corps de logis arrière par deux niveaux de coursives généreusement éclairées depuis la cour par des fenêtres à meneau ou par des croisées XVIIe au profil plat. Ces coursives sont construites au-dessus d'une galerie étroite, voûtée et ouverte sur la cour par trois arcades s'appuyant sur des chapiteaux originaux à figure géométrique et sur des culots à grotesque d’inspiration médiévale. On distingue depuis la cour la présence d'un plafond peint au niveau du premier étage du corps de logis arrière. Un beau sol pavé de grandes dalles en pierre vient unifier l'ensemble. Protégé au titre des Monuments historiques depuis 1987, cet édifice a retrouvé en grande partie ses façades d'origine grâce à une restauration engagée à la fin des années 1990.