Cet immeuble, construit en 1876 par l'architecte F. Choupin, d’apparence surprenante, est à la fois très local et très international. Local par sa fonction de maison mère des pères missionnaires de La Salette, issus de l’apparition dauphinoise de 1846 et de leurs congrégations et confréries périphériques. Mais international, car l’évêque qui assure avec zèle leur développement, ayant longuement vécu à la Réunion et à Zanzibar, impose un décor orientalisant sur ce parallélépipède. L’ossature de poteaux en fonte au rez-de-chaussée (chapelle), puis en bois dans les étages (couvent), s’accompagne de pierres factices qui permettent tout un décor moulé, notamment autour des ouvertures : entrelacs, arabesques et oiseaux stylisés se mêlent aux croix. L’utilisation systématique de l’arc outrepassé, tant pour les grandes arcades aveugles ou semi-ouvertes du rez-de-chaussée que pour les fenêtres, appuie cette esthétique alors qu’on retrouve des pilastres portant un fronton triangulaire en façade. Plus tardive que la Casamaures, cette réalisation n’en marque pas moins le goût du XIXe siècle pour l'orientalisme, tout en illustrant les efforts de reconquête du catholicisme.