L’opération d'aménagement des Grands boulevards, entre le parc Paul-Mistral et le Drac, se déroule en trois phases : la première est terminée en 1937, la deuxième en 1942 et la troisième après la Seconde Guerre mondiale.
L’étude, pensée comme un plan d’extension incluant la démolition des fortifications, est confiée à l’architecte-urbaniste Léon Jaussely. Le projet, bien articulé aux communes périphériques et optant pour une croissance vers le sud, est approuvé en 1928. Il propose un boulevard-promenade, appelé "parkway", bordé d’hôtels particuliers de trois étages maximum, en ordre discontinu, en recul de 7,5 mètres de l’alignement et entourés de jardins d’agréments. Cependant, la mort du maire Paul Mistral en 1932 prive l’opération de son principal soutien politique. Le plan n’aboutira pas, à l’exception de la liaison est-ouest tracée sur les fortifications de 1880, dont la réalisation est fort éloignée de ce qu’avait imaginé Jaussely. Les modifications apportées au règlement d’urbanisme dès 1930 entraînent en effet des évolutions notables : construction de grands immeubles contigus de 25 mètres de hauteur de façade et suppression des servitudes de jardin. La technique du béton armé permet l'apparition de nouvelles formes, telles que des étages en retrait sur des immeubles qui en comptent dix à douze et des toitures terrasses à la place des toits dotés de pente et couverts de tuiles. Peu d’immeubles voient le jour avant 1945 et la quasi-totalité des constructions sont édifiées entre 1950 et 1961.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’accroissement considérable de la circulation automobile transforme cet axe urbain en voie de transit autoroutier. Avec six mille logements, c’est alors le quartier le plus dense de Grenoble et le moins pourvu d’espaces publics. Larges de 45 mètres, les Grands boulevards apparaissent comme une monumentale avenue longue de 2 kilomètres, dotée d’une identité forte et bien lisible malgré la diversité des édifices. La réalisation de la troisième ligne de tramway (tram C) et la campagne de ravalement des façades des années 2000 ont ouvert la voie à la reconquête de cet important morceau de ville avec la destruction d’un auto-pont, l'aménagement paysager des espaces publics et la remise en valeur des premiers immeubles Art déco et Modern style autour de la place Gustave-Rivet.