Dans les années 1960, alors que les campus à l’écart des villes se multiplient, l’université grenobloise connaît une expansion rapide, en particulier le secteur scientifique porté par le physicien Louis Néel. Le site du Polygone, au nord de Grenoble, ne permettant pas à lui seul d’accueillir tous les nouveaux équipements, la création du domaine universitaire s’engage sur le territoire des communes de Saint-Martin-d’Hères et de Gières. Ce vaste chantier voit le jour sous l’impulsion conjointe du doyen de la faculté des Sciences, Louis Weil, et de l’industriel Paul-Louis Merlin, fortement investi dans la vie étudiante.
Avec la construction en 1963-1964 du laboratoire de calcul, l’informatique est le premier occupant du nouveau campus. Cet espace urbain paysager s’étend sur plus de 196 hectares et compte 30 000 arbres et 41 œuvres d’art. Conçu par Georges Bovet, le projet est guidé par les grandes tendances modernistes de l’époque. L’architecture puissante (recherche de la lumière, organisation géométrique, béton brut, etc.) est sublimée par une ouverture sur le grand paysage. Les bâtiments sont disséminés dans le parc et construits sur trois niveaux, avec un rez-de-chaussée sur pilotis. Cette caractéristique de l’architecture moderne répond ici à la contrainte d’un terrain inondable. L’emploi du verre domine et joue du contraste avec l’abondante végétation environnante. Au cœur du campus, la bibliothèque des sciences et l’amphithéâtre Louis-Weil adoptent des formes massives qui se relèvent vers le ciel. L’architecte O.-C. Cacoub et le paysagiste T. Hatashita s’inspirent d’un vocabulaire formel lié à la montagne.
En 1990, dans le cadre du schéma Université 2000, dont l’un des objectifs est de répondre à la forte croissance du nombre d’étudiants, le campus connaît une nouvelle étape d’aménagement. Elle coïncide avec l’arrivée prévue de la ligne B du tramway, qui relie facilement le campus à Grenoble et à son agglomération. Peter Arhends, architecte britannique lauréat du concours international d’urbanisme, appuie alors son projet sur l’omniprésence de la végétation et la beauté du site : « la présence constante des montagnes fournit un décor grandiose ». L’artère principale, « épine dorsale » traversant le campus d’est en ouest, est requalifiée. Point d’attraction réunissant magasins, kiosques, cafés, équipements d’accompagnement et logements, cette « bande urbaine » de densité élevée est conçue comme un « élément unificateur » autour duquel s’organise un réseau d’axes principaux et secondaires.
L’Opération campus de 2011 reprend les mêmes principes et renforce l’ouverture du site sur la ville amorcée précédemment avec l’arrivée du tramway. Plusieurs projets peuvent être cités à ce titre, dont la liaison pour piétons et cyclistes vers Saint-Martin-d’Hères, via la zone d’activités des Glairons, et la construction d’un nouveau pont sur l’Isère en direction d’Inovallée, parc technologique d’entreprises innovantes situé au nord sur les communes de Meylan et de Montbonnot.