Le musée archéologique de Grenoble-Saint-Laurent est un site archéologique majeur en Europe. Peu de villes peuvent s’enorgueillir de posséder autant de vestiges de l’époque des premiers temps chrétiens et de la période mérovingienne. Les fouilles programmées, menées de 1977 à 1997 par Renée Colardelle et son équipe, ont permis de mieux connaître ce lieu exceptionnel.
L’église Saint-Laurent a été reconstruite au milieu du 12e siècle à l’emplacement d’une importante nécropole remontant au début de l’ère chrétienne. Cette nécropole est jusqu’au 8e siècle le principal lieu d’inhumation des défunts de Cularo et de Gratianopolis.
Les fouilles nous ont appris que l’édifice le plus ancien du site est un vaste mausolée construit au tout début du 5e siècle. Ce mausolée, dont subsistent aujourd’hui les parties souterraines, comprend une salle hypogée située au-dessous de l’actuel clocher de l’église. Dans cette salle auraient été inhumées les personnes les plus saintes et vénérées de la ville, peut-être les premiers évêques, tels Domnin et ses successeurs. La présence presque exclusive de sarcophages mis au jour dans le mausolée autorise à penser que les défunts de familles aisées ont souhaité se faire enterrer à proximité des tombes des personnes saintes, ad sanctos (inhumations dans un cimetière ou dans un lieu religieux).
Au début du 6e siècle, une église funéraire de plan cruciforme est accolée au mausolée. Remaniée et embellie au 7e siècle, cette église est remplacée dans ses parties hautes par une vaste église à l’époque carolingienne, qui elle-même cédera la place à l’actuelle église Saint-Laurent. Mais la crypte de l’église funéraire, consacrée à saint Oyand, a été préservée jusqu’à nos jours et constitue indéniablement le joyau du site. Édifiée au début du 6e siècle, elle est ornée au siècle suivant d’une colonnade comptant vingt colonnes en brèche de Vimine, conglomérat de Bourdeaux ou marbre blanc de Savoie, remplois de l’époque antique. Les colonnes sont surmontées de chapiteaux et tailloirs en calcaire des Baux-de-Provence ou en marbre blanc, avec un remarquable et riche décor sculpté, caractéristique de l’iconographie chrétienne du 7e siècle : palmiers, dattiers, agneaux, colombe, griffons et canthares. La crypte Saint-Oyand est restaurée au 19e siècle par l’architecte Manguin. Grâce au grand intérêt que lui porte Prosper Mérimée, la demande de classement de la crypte aboutit en 1850. Le vocable de Saint-Oyand se rapporte quant à lui à un moine du Jura, Eugendus, abbé de l’abbaye de Condat qui connut à l’époque mérovingienne une certaine vénération dans la région.