Diversité géologique du territoire grenoblois : histoire quaternaire du Grésivaudan (vallée de l’Isère)

Lac de Crozet, Belledonne
© Jacques-Marie Francillon, 2014, VdG

Le paysage actuel est celui laissé par la glaciation würmienne (quatrième grande glaciation de l’ère quaternaire) d’extension majeure, il y a 40 000 ans, et par la déglaciation qui a débuté autour de 34 300 ans.

Durant le Würm ancien, antérieur à 40 000 ans, toute la vallée de l'Isère a été envahie par un glacier de grande taille s'écoulant jusqu'à la sortie de Voreppe. Ce glacier a creusé la vallée et la base de son auge se situe à plusieurs centaines de mètres de profondeur tout au long de la vallée et dépasse 400 m au niveau de Grenoble, c’est à dire à plus de 200 mètres en dessous du niveau de la mer. C’est donc sur une plaine alluviale de niveau de base autour de 400 m que les glaces würmiennes sont arrivées. L’altitude atteinte par les glaces a été de l’ordre de 1050 mètres autour de Grenoble. Elles ont creusé dans les matériaux grossiers puis dans les sédiments fins jusqu’à s’enfoncer dans le socle. L’entaille a été impressionnante puisqu’elle est de l’ordre de 720 mètres au nord-est de Grenoble.

Les sédiments de la vallée ancienne de l’Isère, antérieure à la glaciation würmienne, sont conservés en banquettes, tapissées de moraines, qui s’élèvent d’une centaine de mètres au-dessus de la vallée actuelle. Les plus connues sont localisées à l’est de Grenoble. Ces banquettes sont constituées de sédiments lacustres (argiles et sables), palustres (lignites) et fluviatiles à fluvio-glaciaires (cailloutis).

La fusion définitive des glaces du Grésivaudan a fait apparaître un seul lac, de la dépression de Moirans jusqu’au Nord - Grésivaudan. Vers 12 000 ans, durant une période sèche, la vidange du lac s’est accélérée, le comblement du lac s’est achevé et l’Isère s’est encaissée d’une quinzaine de mètres. L’héritage des glaciations est positif par la beauté et la variété des paysages, le tracé des vallées, le découpage et le façonnement des massifs ainsi que la création de très nombreux lacs. De plus, les glaciers ont apporté à domicile des roches de toutes tailles que les premiers habitants ont trouvées en quantité et qu'ils ont ramassées et débitées pour les utiliser dans les constructions et aussi pour libérer des surfaces cultivables, travail qui a été poursuivi par de nombreuses générations suivantes. On trouve toujours ces blocs le long des chemins vicinaux ou en pierriers en bordure des propriétés.

Bibliographie

- DEBELMAS J. et al. Alpes du Dauphiné, coll. « Guides géologiques régionaux ». Paris : Masson, 1983.
- NICOUD G. et al. « Creusement et remplissage de la vallée de l’Isère au Quaternaire récent », Géologie de la France, n°4, 2002, p. 39-49.
- VATIN-PERIGNON N. « Amable Matussière (Marcenat, 1828 - Domène [Isère], 1901), pionnier de la houille blanche en Dauphiné ». Revue de la Haute Auvergne, t. 69, octobre-décembre 2007, p. 518-523.
- VATIN-PERIGNON N. « Pourquoi ne trouve-t-on pas du diamant dans les Alpes mais du graphite ? », La lettre de l’Aphid, n°9, mars 2015, p. 3-4.

Crédit (auteur)

Nicole Vatin-Perignon, Docteur d'Etat en volcanologie, ancienne présidente de l'Académie Delphinale

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Lac de Crozet, Belledonne
Le Mont Aiguille, Vercors