Située hors du rempart romain, la rue Chenoise est investie par les familles nobles et les riches bourgeois qui s’installent dans de belles demeures. Aux 8 et 14 de la rue, deux édifices construits au début du XVIIe siècle réservent à l’escalier une place de choix. Alors que celui-ci, un siècle plus tôt, était considéré comme utilitaire et rejeté à l’extérieur dans une tourelle plus ou moins richement décorée, il s’inscrit désormais à l’intérieur des murs. Les rampes droites sont mises en valeur par la création d’ouvertures au profil novateur. Ces demeures sont toutes deux protégées au titre des Monuments historiques, respectivement depuis 1983 et 1987.
L’hôtel d’Ornacieux est le premier hôtel particulier restauré par la Ville quand celle-ci amorça dans les années 70 la rénovation de son centre ancien. L'hôtel d'Ornacieux (ou hôtel de Vaucanson) du 8 rue Chenoise*, construit vers 1630, a appartenu au marquis d'Ornacieux, dont la famille donna deux évêques au trône épiscopal de Grenoble dans les premières décennies du XVIIe siècle, d'où son appellation. Mais c'est le nom de Vaucanson qui sera retenu, le célèbre inventeur d'automates né à quelques pas de là, au 3 de la rue Brocherie, y ayant vécu peu de temps au XVIIIe siècle. La façade sur rue, de composition régulière, a conservé son portail Louis XIII en pierre bicolore à bossages et fronton brisé. Au-delà, un passage donne accès à une cour, autour de laquelle s'organisent de manière symétrique les logis principaux et les loggias qui les relient, inspirées de l'architecture transalpine. À l'arrière des larges ouvertures en anse de panier des galeries, un très bel escalier orné de balustres de pierre occupe un côté de la cour, offrant à cet espace un décor quasi théâtral. Les galeries de la façade opposée ont été partiellement obturées au XIXe siècle, rompant la symétrie des loggias du XVIIe siècle.