De son vivant, Stendhal a peu fait de dons à la bibliothèque de Grenoble. Après sa mort, l’institution s'adresse à Louis Crozet, ami d'enfance de Stendhal, légataire testamentaire et maire de Grenoble, pour compléter la collection des œuvres d'un auteur que l'on considère à l’époque comme un écrivain local. C’est après son décès, à partir de 1861, que sa veuve offre à la ville une collection qui comprend tous les manuscrits de Beyle (Stendhal) en sa possession. Ces manuscrits ne seront pas exploités avant une vingtaine d'années car la construction de la nouvelle bibliothèque de la place de Verdun concentre l’attention des bibliothécaires.
Un jeune professeur d’anglais du lycée de Grenoble, Casimir Stryienski (1885) transcrit ces archives. Dès lors, l’édition des œuvres complètes de Stendhal se poursuit jusqu’à la fin du XIXe siècle. A compter des années 1920, la bibliothèque met en place une politique d'acquisition stendhalienne régulière. La première exposition qui illustre la vie et l’œuvre de l’écrivain se tient cette même année au musée des Beaux-Arts de Grenoble, place de Verdun.
Considérée comme la plus importante au monde, cette collection est actuellement constituée de trois parties : les ouvrages imprimés, incluant toutes les éditions originales, de nombreuses éditions en langues étrangères ainsi que des études, thèses et bibliographies sur l’écrivain ; les œuvres iconographiques ; les manuscrits (plus des 3/4 des manuscrits de Stendhal sont conservés à Grenoble, la bibliothèque nationale de France notamment et des collectionneurs privés possédant l’autre quart). Les journaux et papiers de Stendhal sont évidemment les pièces les plus prestigieuses. Cet ensemble compte parmi les plus importants fonds de manuscrits littéraires modernes, par sa taille et par la qualité de certains des textes conservés. Parmi ces manuscrits présents à la bibliothèque d’étude et du patrimoine, on peut trouver : Lucien Leuwen ; Lamiel ; Vie de Henry Brulard ; Souvenirs d’égotisme ; Histoire de la peinture en Italie ; Vie de Napoléon. Mémoires sur la vie de Napoléon ; Nouvelles (Le Rose et le Vert, Le chevalier de Saint-Ismier) ; Correspondance ; Carnets et journaux. Les manuscrits des ouvrages Le Rouge et le Noir et et de La Chartreuse de Parme n’existent plus : il était en effet coutumier, au XIXe siècle, de détruire les manuscrits après publication. La collection iconographique (788 pièces), inscrite au fil du temps sur différents inventaires, est en cours de récolement. Des œuvres originales côtoient reproductions, photographies et cartes postales, petits objets, bustes, tableaux… En 2003, la collection complète a reçu du ministère de la culture l’appellation « musée de France ».