La cité Paul Mistral évoque à elle seule l’épopée, étroitement liée aux évolutions économiques et sociales de la société française, du logement social au XXe siècle. En soixante-dix ans, trois évolutions majeures ont en effet transformé le quartier : la cité-jardin du Rondeau est remplacée par un grand ensemble qui devient l'objet d’un projet de rénovation urbaine par le biais de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU).
Première cité-jardin de France dans les années 1920, l’opération du Rondeau illustre la politique hygiéniste de la municipalité. Elle est composée au départ de 208 logements répartis dans 80 maisons et petits immeubles, avec jardins privatifs et services attachés. Quatre petits immeubles sont construits en 1949 le long des digues du Drac. Cette cité-jardin sera démolie en 1960, avant d’être progressivement remplacée par la cité Paul-Mistral, un grand ensemble de 1 100 logements bâtis de 1962 à 1968. Dans le vaste terrain rectangulaire se répartissent alors des tours et des barres de quinze niveaux, dont la longueur peut atteindre cinq cents mètres. Équipements et surfaces de stationnement à l’aspect minéral se partagent le reste du terrain. Si les logements sont de taille adaptée à la demande des familles et pourvus des normes de confort en vigueur, leur densité et leur répartition créent des conditions de vie collective difficiles, que les imperfections techniques et le passage ultérieur d’une autoroute en bordure n’ont fait qu’aggraver. Aussi, la cité Paul-Mistral ne subsiste pas au projet de la municipalité Destot des années 2000, dont l’objectif est de désenclaver ce grand ensemble coupé du reste de la ville. Cette opération de rénovation urbaine bénéficie de subventions spécifiques de l’État (ANRU), sous condition de démolition des bâtiments existants.