La construction de cet immeuble date de la période prospère qu’a été à Grenoble la fin du XVe et le début du XVIe siècle. Il revêt une importance particulière, car il se rattache à l'enfance de l'écrivain grenoblois Henri Beyle, dit Stendhal (1783-1842), qui y passa parmi les moments les plus heureux de sa vie, ainsi qu'il l'écrit dans Vie de Henry Brulard en 1835-1836. Stendhal y évoque particulièrement « les trois fenêtres en croisillons » de la maison de son ami François Bigillion.
L'édifice, qui est une intéressante illustration de l'architecture gothique, s’inscrit dans une parcelle longue et étroite. Il est composé de deux corps de logis : le premier donnant sur la rue Chenoise et le second construit en fond de cour, desservi depuis la rue par une traboule. Comme dans la plupart des demeures médiévales, la tourelle d'escalier du logis arrière, construite sur un plan polygonal, reçoit un soin particulier dans le traitement des encadrements des fenêtres d'angle à meneaux et de sa porte à accolade. Malgré les transformations réalisées au fil du temps (modification de l'arc d'entrée sur rue au XVIe siècle, agrandissement des fenêtres au nord au XVIIIe siècle), l'esprit médiéval subsiste avec la composition irrégulière des belles croisées de l'aile sur rue, ou grâce à l'ornementation originale des culots du voûtement gothique qui supportait la galerie du premier niveau, aujourd'hui disparue.