Cette demeure noble est, durant la majeure partie du XVIIe siècle, la propriété d’Aymard de Marnais, président en la chambre des comptes, puis de sa veuve et de sa fille, dites les Dames de Marnais. Le docteur Henri Gagnon, grand-père de Stendhal, qui possédait déjà la maison voisine à l’angle de la place Grenette, l’acquiert en 1786 et s’installe en 1789 au deuxième étage des deux maisons. À partir de la mort de sa mère en novembre 1790, le jeune Henri Beyle (futur Stendhal), ses sœurs et son père prennent ici tous leurs repas et y habitent en permanence pendant la Terreur. Dans son roman autobiographique, Vie de Henri Brulard, Stendhal nous livre des lieux une description précise accompagnée de nombreux croquis.
Derrière une façade remaniée à la fin du XVIIe siècle, se dresse un ensemble de bâtiments assez complexes organisés autour de deux cours. La première, datant du XVIe siècle, est de style gothique. Elle possède un escalier en vis encadré de chaque côté par une galerie voûtée sur croisée d’ogives sur deux étages. Fait rare, certaines clés de voûtes sont encore ornées de leurs blasons d’origine. La seconde cour, plus vaste, est construite au XVIIe siècle. Elle donne accès aux appartements par l’escalier principal à mur noyau. Le mur sud arbore une pierre tombale du IIe siècle dédiée à un certain Quintus Scribonius.
Propriétaire d’une partie de l’appartement du Docteur Gagnon depuis 1970, la ville de Grenoble l’inaugure en 2012, après l’avoir restauré. Il constitue, avec l’appartement natal de l’écrivain (14, rue Jean-Jacques Rousseau) et le fonds prestigieux conservé à la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine, le musée Stendhal en réseau. Cette demeure est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.