Si le Dauphiné a vu défiler de nombreux peintres au 17e siècle, venus des autres régions de France ou des pays du Nord, tous en route vers l’Italie, peu d’entre eux nous ont laissé des images de la cité grenobloise. Leur regard, dès cette époque, préfère englober les sommets qui l’entourent et s’attache plus souvent à capter des vues de la Chartreuse que de la ville, encore modeste à cette époque.
Il faut attendre le début du 19e siècle pour que Grenoble devienne un sujet de peinture. Un tableau de l’école lyonnaise, dû à Jean-Joseph Xavier Bidault, acheté récemment par le musée de Grenoble, conserve une belle vue des berges de l’Isère à l’entrée de Grenoble en 1808, ouvrant une magnifique perspective sur la chaîne de Belledonne.
La génération suivante, Isidore Dagnan, Jules Guédy, Alexandre Debelle, tous élèves de Benjamin Rolland, multiplie les paysages de la cité, privilégiant souvent le même point de vue : l’Isère, la ville encore enfermée dans ses remparts et les chaînes de montagnes qui la ceinturent. Debelle et Guédy commémorent les épisodes marquants de l’histoire de Grenoble, livrant au passage des vues des différents quartiers. Sous l’impulsion de Jean Achard, le paysage dauphinois acquiert ses lettres de noblesse. Originaire de Voreppe, cet ancien élève de Dagnan, devenu peintre de l’école de Barbizon aux côté de ses amis Corot et Théodore Rousseau, rapporte dans sa région d’origine une méthode de travail sur le motif qui exalte les couleurs et capte les moindres variations de l’atmosphère. Quelques-unes de ses belles vues de Grenoble rappellent celles de son maître Isidore Dagnan. Théodore Ravannat, élève d’Achard, explore Grenoble à la recherche de vues pittoresques qui nous gardent trace de quartiers ou d’édifices disparus.
Ce goût du pittoresque attire à Grenoble des artistes d’autres régions, comme Pierre-Justin Ouvrié, François-Victor Sabatier, ou Jules Joyant, qui dessinent le quartier Saint-Laurent et les berges de l’Isère. Dans les années 1880, Jongkind, résidant à la Côte Saint-André, traduit dans de grandes aquarelles ses impressions fugaces de la cité bordée par la rivière et les montagnes. La Bastille et le Saint-Eynard auront plusieurs fois les honneurs de ses dessins. Louis Hareux à la fin du siècle, puis Jules Flandrin, dans la première moitié du 20e siècle, reprennent ces mêmes perspectives, dans un langage plus moderne, épuré et coloré.
Toutes ces œuvres, outre leurs indéniables qualités artistiques, constituent autant de documents indispensables à la compréhension de l’évolution de l’urbanisme et de l’architecture d’une ville et sont donc de précieux outils de connaissance et d’appréciation de son patrimoine.