Fleuron du patrimoine architectural grenoblois, ce remarquable bâtiment a été pendant plus de cinq cents ans le siège de la justice à Grenoble. Il est édifié à la charnière du XVe et du XVIe siècle selon un plan en équerre, avec une aile ouest – aujourd’hui disparue – le long de la place Saint-André et une aile nord en direction de l’Isère. En raison de la croissance et de la multiplication des institutions qui investissent les lieux, l’édifice se complexifie au fil du temps, avec notamment la construction de la façade Renaissance à l’est de la chapelle. Dès le XVIe siècle, il se partage en trois secteurs faisant chacun la jonction entre la place et l’Isère : à l’est la chambre des comptes aujourd’hui disparue, au centre le parlement de Dauphiné, à l’ouest la conciergerie (prison, disparue). L’ensemble est étroitement imbriqué dans le tissu urbain. Un jeu de paume jouxte par exemple la prison, alors que boutiques et ateliers se greffent ici et là. Un passage public très fréquenté le traverse même de la place Saint-André jusqu’à l’Isère. D’importants décors intérieurs apparaissent (boiseries, plafonds, etc.). En 1790, malgré son rôle dans la journée des Tuiles, la suppression du parlement a peu de conséquences sur le bâtiment.
Le XIXe siècle bouleverse profondément l’héritage des siècles précédents. L’amputation de la chapelle par un escalier alerte Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, et met en exergue les parties anciennes dont le classement, envisagé dès 1841, intervient le 12 juillet 1886. Riondel père et fils, architectes départementaux, puis Honoré Daumet, grand prix de Rome, élaborent des projets monumentaux qui préservent peu ou prou les parties anciennes. Le chantier est lancé en 1890. L’état de vétusté de l’aile centrale impose sa reconstruction, avec la reproduction des dispositions et des décors antérieurs (salle des audiences solennelles, salon bleu). Des vestiges de l’enceinte romaine sont mis au jour. En août 1897, l’inauguration par le président de la République donne à l’institution judiciaire un cadre solennel très caractéristique du XIXe siècle et de son approche du patrimoine. En septembre 2002, trop petit, l’édifice est déserté par les fonctions judiciaires. Inscrit dans sa totalité à l’inventaire des Monuments historiques en 1992, il est désormais la propriété du Conseil départemental de l’Isère.