A l’angle de la place Grenette et de la Grande rue, sur « le plus bel emplacement de la ville », se situe la maison de famille de Stendhal : l'appartement du docteur Gagnon, grand-père de l'écrivain. Ce lieu est au centre d’une œuvre autobiographique traduite dans le monde entier, Vie de Henry Brulard.
A sept ans, Stendhal, fils aîné d'une famille de la bourgeoisie aisée de Grenoble, perd sa mère qu’il aime passionnément et concentre sur lui toutes les attentions de ses proches, jusqu’à l’étouffement. Promis à de brillantes études, l’adolescent monte à Paris. C’est au terme d’un demi-siècle troublé, vécu à travers l’Europe, que le romancier termine sa carrière comme consul de France en Italie. Durant cette période très créative, il entame notamment le récit de son enfance, émaillé de nombreux croquis, publié à titre posthume sous le titre Vie de Henry Brulard.
Aux dires de l’enfant, le docteur Gagnon fut son « véritable père et son ami intime ». L’hôtel aristocratique, que ce « médecin à la mode parmi les dames » acquiert à la faveur des événements de la Révolution, donne lieu à pas moins de 24 croquis représentés dans Vie de Henry Brulard. Pour l'auteur, il s'agit d'un lieu d’inspiration et de formation, que l’on aperçoit depuis le Jardin de ville : « cette terrasse, formée par l’épaisseur d’un mur nommé Sarrasin, mur qui avait quinze ou dix-huit pieds, avait une vue magnifique sur la montagne de Sassenage ; là, le soleil se couchait en hiver sur le rocher de Voreppe, coucher d’été, et au nord-ouest de la Bastille dont la montagne [...] s’élevait au-dessus de toutes les maisons et sur la tour du Rabot [...] ».
Appelée aujourd’hui « La treille de Stendhal », cette terrasse surmontée d’une pergola fait partie intégrante du lieu de mémoire dédié à l’un des plus grands écrivains français du XIXe siècle. L'appartement Gagnon abrite un espace muséal dans lequel le public peut découvrir notamment une galerie de portraits qui dépeignent l’enfance et l’adolescence de l’écrivain.